Environnement

NYBG : Jardin typographique

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Au détour d’une visite de New York, les amateurs de plantes ont très certainement déjà exploré les allées du jardin botanique de la ville. Le NYBG est une institution de rayonnement mondial dont la création remonte à 1891. Apprécié des visiteurs pour sa diversité et des scientifiques pour son expertise académique, horticole et botanique, la marque souhaite aujourd’hui renforcer et étendre son influence. La nouvelle direction a construit en collaboration avec l’agence Wolf Ollins un plan stratégique dont l’idée centrale repose sur le respect de la nature. : « Do right by nature ». Cette posture regroupe les actions menées dans le parc, et résonne avec la diversité de son public : étudier, protéger, apprendre ou simplement profiter. Véritable appel à l’action, elle constitue le point de départ d’une identité visuelle singulière.

Cette refonte révèle que le NYBG avait besoin depuis longtemps d’une identité marquante, reflétant l’esprit new-yorkais, Inspiré de l’ITC Serif Gothic, créé par Tony DiSpigna et Herb Lubalin, deux icônes du design des années 1970, le nouveau logo mêle formes audacieuses, courbes raffinées et empattements nets.
Le nouveau logo se détache ainsi du caractère typographique Garamond 3 utilisé précédemment, pour tendre vers une police beaucoup plus expressive : NY Botanical Gothic. Cette police de caractères comporte des empattements pointus faisant référence aux courbes que l’on trouve dans la nature. Ces empattements trouvent leur inspiration dans les affiches remarquables du mouvement environnemental des années 1960 et 1970 que l’on trouve dans la collection LuEsther T. Mertz de l’institution. La police secondaire, GT Super, permet d’apporter un confort de lecture et une contemporanéité aux compositions graphiques.

Le « Y » peu orthodoxe était un pari énorme, mais il est payant car il donne au logo un aspect unique et mémorable. Il est extrêmement difficile d’espacer agréablement ce quatuor de lettres, mais on ne peut pas faire mieux avec les larges contre-espaces autour du bas du « Y » qui équilibrent les contre-espaces entre le « B » et le « G ». Les empattements aigus sont excellents, avec juste ce qu’il faut d’évasement et, bien sûr, ils rappellent les épines, les pétales et d’autres éléments végétaux – une perception renforcée par les courbes du « N » et du « Y » qui font allusion aux tiges et à d’autres parties contorsionnées des plantes. Il est clair que je ne suis pas botaniste, étant donné que je ne connais pas les termes appropriés, mais j’adore ce logo.

Ajuster harmonieusement ce groupe de quatre lettres a dû représenter un défi de taille — il est difficile de surpasser l’aménagement des grands espaces négatifs autour de la base du « Y », qui complètent parfaitement les espaces entre le « B » et le « G ». Les empattements pointus sont remarquablement réalisés, avec un évasement idéal, évoquant subtilement les épines, les pétales et divers éléments de la flore. Cette impression est amplifiée par les courbes des lettres « N » et « Y », qui semblent imiter les tiges et autres formes sinueuses du règne végétal.
En utilisant une représentation en fil de fer 3D de la célèbre serre, la police de caractères est littéralement pliée, courbée avec astuce, créant des compositions dynamiques et séduisantes. Peu percevront le lien entre lettres et architecture, mais davantage son côté ludique.

En utilisant une représentation en fil de fer 3D de la célèbre serre, la police de caractères est littéralement pliée, courbée avec astuce, créant des compositions dynamiques et séduisantes. Peu percevront le lien entre lettres et architecture, mais davantage son côté ludique. La palette chromatique s’inspire de celle qui dessine les allées mêmes du jardin. Ainsi, on découvre des teintes inspirées du monde végétal… Châtaigne, champignon, chêne blanc, iris de Sibérie, perce-neige, anémone — principalement appliquées à un registre de formes organiques dérivées des allées du jardin ; et à une grille qui fait écho aux vitres de l’emblématique conservatoire Enid A. Haupt. Le logotype et les messages sont, eux, traités le plus souvent en noir ou blanc. Un choix qui leur permet de se détacher du paysage chromatique en fond. La signalétique de l’exposition est remarquable, mettant en valeur les noms des spécimens avec la typographie personnalisée, qui assure une uniformité et une harmonie visuelle à travers tous les points de contact du jardin.

Globalement, cette rénovation offre une identité versatile et remarquable (malgré un manque de lisibilité à échelle réduite) allant d’un site web raffiné et sérieux avec une utilisation directe de la typographie personnalisée en noir et blanc, à un contenu plus vibrant sur les réseaux sociaux où cette même typographie s’illumine de couleurs éclatantes et s’intègre aux images du bâtiment. Le duo typographique permet tout de même à la fois une flexibilité et une reconnaissance immédiate de la marque sur les vastes applications concrètes du projet : les supports de communications destinés au public sont ludiques et singuliers, tandis que l’identité se rationalise sans perdre de force lorsqu’elle est appliquée à la pratique institutionnelle du NYBG. Le NYBG bénéficie désormais d’un logo et d’une identité visuelle qui devraient lui permettre de renforcer ses activités de protection et de sensibilisation au monde végétal.

Conception : Wolf Ollins
Photos © Wolf Ollins

3 commentaires

  1. Candice

    Captivant !

  2. Boris

    c’est quand même une giga dinguerie

  3. Mouais

    EN QUOI est-ce une « giga dinguerie »?!? O_o

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