La NASA et la guerre des logos
Alors que l’ensemble de la population mondiale joue au jeu du confinement, quelques initiés attendent patiemment le mois de Mai pour embarquer à bord de la fusée Falcon 9 de Space X, afin de ravitailler la station ISS.
Malgré un mois d’Avril contrasté pour la compagnie spatiale d’Elon Musk, avec l’endommagement de la capsule habitable Crew Dragon dû à une explosion, Space X est un habitué de ce genre de mission. Depuis 2012, ce sera le 17ème ravitaillement orchestré par ses fusées, au profit de la NASA. Nous voilà donc rassurés !
Quoi qu’il en soit, pour ce lancement tant attendu, la NASA a décidé de sortir de son placard son ancien logo dit «Worm», programmant un véritable retour vers le futur ! Profitons de cet évènement pour revoir ensemble l’histoire de ce logo.
1959, le craft de Meatball
Le tout premier logo fut désigné en 1959, lorsque la « National Advisory Committee for Aeronautics», dit NACA, se transforma en « National Aeronautics and Space Administration», notre chère NASA.
Quelques étoiles par ci, deux planètes par là, un satellite en orbite et une étrange aile, symbole de l’aéronautique. Le noir et blanc donne l’illusion d’avoir fait le travail qu’à moitié et ces planètes me font décidément penser à une balle de tennis et de golf. Coïncidence ? Je ne crois pas…
1975, le logo «Worm»
Non-content d’un logo brouillon, Nixon encourage l’Agence à fonder une véritable identité visuelle. En 1975, soutenu par le Programme Fédéral d’amélioration graphique, la NASA se lance dans la confection d’une image à la hauteur de la plus grande agence spatiale du monde. En pleine guerre froide, les astronautes américains font tout pour consolider leur image face à l’ennemi ultime : le cosmonaute russe.
Designé par Richard Danne et Bruce Blakburn, le logo résiste jusqu’en 1992. D’une simplicité à toute épreuve, facilement utilisable sur l’ensemble des supports et transpirant de technologie, « clean, progressive, could be read from a mile away, and was easy to use in all mediums.” souligne son créateur. Le rouge traduit une démarche d’action, de courage nécessaire à l’Agence pour affronter les défis spatiaux.
Malheureusement, l’Administration de la NASA accueille ce logo froidement, estimant qu’il manque quelque chose, voir même que le rouge dérange. James C. Fletcher, administrateur de l’Agence, aurait préféré du bleu, à l’image de l’espace… Voici un extrait de leur échange :
Fletcher : “Je ne suis tout simplement pas à l’aise avec ces lettres, il manque quelque chose”
Low : “Eh bien, oui, le A n’a pas de barre”
Fletcher : “Oui, et cela me dérange”
Low : “Pourquoi ?”
Fletcher : (longue pause) “Je n’ai pas l’impression d’en avoir pour mon argent !”
Fletcher : “Et cette couleur, rouge, elle n’a pas beaucoup de sens pour moi”
Low : “Quelle autre couleur serait mieux ?”
Fletcher : “Bleu fait plus sens … L’espace est bleu”
Low : “Désolé, mais l’espace est noir !”
Dans une lettre interne M. Fletcher dévoile le nouveau logo, le comparant (rien que ça) à un module de commandement spatiale, tant son importance est capitale. De cette annonce naît une véritable guerre opposant les pro-logo, aux antis. Le nouveau logo adopte le nom de «Worm», l’ancien «Meatball».
Le terme «Meatball» se devine par sa forme, mais aussi par un terme technique en aéronautique. En effet, lorsqu’un pilote de l’US Navy tente d’atterrir sur un porte-avion, il doit absolument conserver dans sa ligne de mire un point lumineux dans un miroir. la fameuse boulette lumineuse, devenue «Meatball».
1992, Mise à jour du Meatball
La Guerre interne continue de faire rage jusqu’en 1992, jusqu’au jour où le nouvel administrateur, Daniel S. Goldin, décide d(y mettre un terme, en remettant au goût du jour le logo meatball.
Afin de comprendre cette décision, il est nécessaire de revenir plusieurs mois en arrière, le jour où la navette Challenger explose en plein vol, tuant la totalité de son équipage. L’image de l’Agence est sérieusement impactée. Goldin décide de retravailler le tout premier logo, souhaitant rappeler les jours glorieux de la conquête spatiale.
Les A retrouvent leur barre, la police s’empâte et les nombreux détails rendent le logo très difficile à dupliquer sur de nombreux formats. Le rouge est conservé pour l’aile, symbole de leurs compétences en aéronautique, mais l’espace s’immerge dans le bleu… La NASA l’avoue elle-même » However, with 1970’s technology, it was a difficult icon to reproduce, print, and many people considered it a complicated metaphor in what was considered, then, a modern aerospace era.».
2020, Retour vers le futur
«THE WORM IS BACK» !!!!! Yeah !!!!!! L’Agence spatiale Américaine s’explique «The retro, modern design of the agency’s logo will help capture the excitement of a new, modern era of human spaceflight on the side of the Falcon 9 launch vehicle that will ferry astronauts to the International Space Station as part of the Demo-2 flight, now scheduled for mid- to late May».
Mais quand est-ce que cette partie de Ping-pong finira-t-elle ? Personne ne sait. Quoiqu’il en soit, la NASA imposera ce logo sur l’ensemble de ses fusées, dans l’espoir de conquérir un jour la planète rouge. Rouge comme le logo… Coïncidence ? Je ne crois pas…
Voici la fameuse charte graphique de 1975, qui (vraiment) ne semble pas avoir prit une ride