Le 15 décembre dernier, le Ministre du Travail, du Plein Emploi et de l’Insertion Olivier Dussopt dévoile un changement majeur d’image de marque de Pôle Emploi, structure publique accompagnant tous les demandeurs d’emploi dans leur recherche. Cette refonte globale était déjà annoncée depuis plusieurs mois, et le nouveau nom de la structure avait déjà été révélé quelque temps auparavant avant la présentation complète. Seulement, l’annonce du Ministre a véritablement cristallisé les craintes qui déjà présentes autour de ce changement. Retour sur une identité visuelle qui ne valorise pas la pratique du design graphique aux yeux du grand public.
Désormais, Pôle Emploi devient France Travail. Sémantiquement, ce changement induit une nouvelle vision du secteur de l’emploi en France. Là où le nom Pôle emploi met en avant sa fonction, avec un imaginaire autour d’un axe pivot régissant l’orbite d’autres éléments, le nom France travail sonne comme une injonction – certes dynamique – faisant appel à l’imaginaire de l’effort. La proximité de ce nom avec l’étymologie du travail, « tripalium » (torture) est plus mince qu’avec l’étymologie de son prédécesseur : le mot pôle descend de « polus », qui désigne à la fois un axe, une extrémité et un centre.
14 graphistes / 2 jours : start-up nation ou esclavage ?
Ce glissement d’imaginaire s’illustre également à travers les choix graphiques qui régissent la nouvelle identité visuelle de France Travail. Jusqu’à présent, Pôle Emploi avait un logo composé d’une sphère concentrée, renvoyant à l’idée d’une haute autorité régissant l’harmonie, le travailler ensemble. Aujourd’hui, le nouveau logo a été conçu par quelque 14 graphistes internes et volontaires pour qui la création de logotype n’est pas le domaine d’expertise. Le résultat de cette démarche expéditive et bâclée donne un logotype qui ne porte aucune ambition et qui ne reflète absolument pas l’importance de la structure sur le paysage de l’emploi en France.
« Machin graphique »
Le résultat : un signe composé d’une multitude de points épars, dont la silhouette représente vaguement un hexagone. Cette diversité de points est lourde de sens en matière de sémiologie : désormais, le temps de la concordance, de la communauté, laisse place au temps de l’individualisation, de l’autonomisation des cellules. Outre son interprétation, c’est la réalisation même de ce logo qui pêche : les points orbitent de manière étrange, ils cohabitent tantôt à distance convenable, tantôt se touchent ou se chevauchent de manière aléatoire. À échelle réduite, le signe est très peu lisible et peu dynamique. Le choix des couleurs ternes et peu contrastées le rend également très peu lisible en noir et blanc. Cette constellation, censée rappeler le maillage et l’ancrage territorial rappelle étrangement une autre identité ratée des services étatiques : Santé Publique France, qui s’apparente davantage à un virus, qu’à un service public. Autant dire que la créativité de l’équipe responsable de ce « machin » peut paraître limitée et qu’elle ne fait pas, loin s’en faut, la gloire du design français.
Seul l’excellent caractère typographique Marianne, dessiné en 2020 par le graphiste et typographe Mathieu Réguer pour l’agence 4uatre (dans le cadre de la refonte de l’identité visuelle de l’État Français) donne un semblant de sérieux à ce « machin graphique »
Erreur politique
Aucun appel d’offres n’a été publié pour ce projet, car une réalisation en interne est synonyme de réduction des coûts. Pour rappel, le coût de 500 000 euros du logo de Pôle Emploi avait fait polémique à l’époque. Cependant, ce résultat discutable est l’une des conséquences lorsqu’une entité de cette échelle ne prend pas le recul nécessaire pour accompagner son image de marque. À lui seul, le logo n’affiche aucune ambition stratégique, et sa représentation archétypale du territoire français est erronée : où se trouve la Corse ? Et Les DROM-COM ? À l’issue de ce projet, ce sont également les métiers du design graphique français qui s’en trouve ternis aux yeux du public français. Une réalisation de cette qualité, pour une entité d’échelle nationale, ne valorise aucunement l’importance du design graphique dans le processus de communication d’un acteur public de premier ordre.
Conception : France Travail
Photos © France Travail
Bien d’accord avec votre analyse.
En l’état, le logo me fait plutôt penser à un test pour détecter le daltonisme …
ou alors… Peut-être faudrait-il y voir un éparpillement, un délitement, une dispersion… façon Tontons Flingueurs « …Je vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu’on va le retrouver éparpillé par petits bouts façon puzzle. Moi quand on m’en fait trop… je dynamite, je disperse, je ventile… »
Un vote des salariés
Pour réduire les coûts de création du logo, Pôle emploi a fait appel à 14 « graphistes volontaires » parmi ses salariés. Ils ont planché pendant deux jours, avant qu’un jury ne désigne une poignée de propositions, mises au vote en interne pendant une semaine. « 41 000 agents sur les 55 000 que compte l’opérateur » se sont prononcés, indique le ministère du Travail.
Combien a coûté le changement de logo ?
Pour réduire les coûts de création du logo, Pôle emploi a fait appel à 14 « graphistes volontaires » parmi ses salariés. Ils ont planché pendant deux jours, avant qu’un jury ne désigne une poignée de propositions, mises au vote en interne pendant une semaine. « 41 000 agents sur les 55 000 que compte l’opérateur » se sont prononcés, indique le ministère du Travail.
Olivier Dussopt, Ministre du Travail, du Plein emploi et de l’insertion de France, explique que c’est en interne que cette identité visuelle a été conçue au terme d’un processus de sélection. Il assure qu’il n’a coûté “que“ 100 000€, avant que Le Canard Enchaîné ne révèle que la facture totale s’était au final élevé à 2,4 millions d’euros.
Nous n’osons imaginer ce que cet identité visuelle va coûter réellement avec tout les imprimés à refaire… À rappeler que le logo de Pôle emploi avait déjà créé une polémique…
L’avis d’un expert en création visuel sur ce logo ?
Diplômé de l’École normale supérieur des arts appliqués et des métiers d’art.
« Franchement, seul les “graphistes“ qui ont planché sur ce projet doivent être fier de ce travail « dissimulé »…
Un texte non justifié (ni à gauche, ni à droite, encore moins au centre)… Une véritable aberration typographique… Des cercles colorés, ils n’ont pas dû mouiller la chemise sur ce travail qui aurait pu (et dû) être proposé aux nombreux créatifs sans emploi…
Une manière encore une fois pour des élus de gaspiller l’argent des contribuables en voulant “marquer de sa patte“ les actions menées pour le projet de loi “plein emploi“ de Monsieur Macron… Qui doit donner vie à France Travail, cette porte d’entrée unique vers les acteurs de l’emploi. Espérons que ce ne soit pas une porte de sortie pour des incompétents de notre gouvernement.
Ils feraient mieux de financer des formations qui délivrent de vrais diplômes et orientent vraiment vers le emploi plutôt que de jeter par les fenêtres l argent des contribuables en finançant un logo qui aurait pu être exécuté par un enfant de 5 ans qui fait de la peinture aux doigts.
Le coût de la réfection de toutes les façades de bâtiments anciennement Pôle emploi est il inclus dans les chiffres communiqués ?
Quel intérêt pour les demandeurs de emploi ??? Le service s en trouvera t il amélioré ? Plus pertinent ? Vraiment efficace ???
J en doute